
Ronsard au Prieuré Saint-Cosme, La Riche
Du « paradis sur terre » selon les chanoines du XIIe siècle, il ne reste que des vestiges. Pourtant, aujourd’hui encore et le temps d’une visite, on comprend le pourquoi d’une telle expression.
Le prieuré St-Cosme se trouvait sur une île à l’époque de Ronsard et fut rattaché à la rive plus tard.
Fondé en 1092, il fut démantelé au XVIIIe siècle.
Il est situé à proximité de Tours, sur la route pour St-Jacques-de Compostelle, et pour cela, il accueillit de nombreux pèlerins.
En haut à gauche le monastère, au milieu l’église et en bas à droite le Logis du Prieur.

Le lieu fut offert à Pierre de Ronsard. Il y demeura de 1565 jusqu’à sa mort en 1585.
Il repose près de l’église en ruines, dans les jardins de l’ancien monastère. La tombe a été réalisée après la découverte des ossements.

A l’intérieur du monastère, la grande salle est proposée à des activités ludiques en relation avec la lecture et les livres. Le cadre incitant à la concentration et au partage, il fait vivre le passé au présent, en tentant d’attirer les jeunes vers la poésie.
Pierre de Ronsard en tant que prieur vécut dans le logis situé dans l’enceinte du domaine. Dans cette maison du XIVe siècle, une reconstitution évoque la vie et l’œuvre du “Prince des poètes”.
le seul escalier menant aux appartements de Ronsard la petite pièce où il aimait se retrouver pour écrire La demeure de Ronsard
L’œuvre de Pierre de Ronsard est composée des Hymnes, des Discours et de poésie lyrique (Les Odes , Les Amours). A partir de ces formes majeures, il évolua vers le sonnet (décasyllabe et alexandrin).
Dans les jardins, nous traversons un chemin de roses, fleurs chères au plus célèbre poète français du XVIe siècle.
Tout est pensé pour une autosuffisance spirituelle et matérielle, un refuge, un lieu idéal, un paradis sur terre…
Rappelons que Ronsard avait fait vœu de célibat, mais non de chasteté.
Voici l’ode A Cassandre, suivi des Sonnets pour Hélène :
Mignonne, allons voir si la rose
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Les Odes (1550)

Quand vous serez bien vieille
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Sonnets pour Hélène (1578)
Voir aussi l’article sur sa maison natale, le manoir de la Possonnière, à Couture-sur-Loir, en cliquant ici.