
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal****/*
1956, Editions Présence Africaine, 1983, PDF 21 pages
Je ne résumerai ni n’analyserai ce texte fondateur de la négritude lequel a été longuement et largement disséqué depuis sa parution.
J’insisterai simplement sur le fait que le vocabulaire, farouchement provoquant (insultes, grossièretés, onomatopées) exprime le cri de la colère et de la révolte qui jaillit après avoir été retenu, alors que le style (longues énumérations, répétitions, décalages typographiques en escaliers (cf. les « idéogrammes lyriques » à la manière d’Apollinaire) qui remotivent graphiquement le signe comme les lettres majuscules) soutiennent le souffle puissant du dithyrambe.
Si le texte a été perçu comme un poème – et il en a certaines caractéristiques (les anaphores sont nombreuses (« Au bout du petit matin » au début est relayé ensuite par d’autres mots à forte teneur : mort, folie, homme, debout, etc.) –, la prose se mélange aux vers libres et déconstruit pourtant la forme de la poésie traditionnelle.
Je conclurai en relevant la citation « Homo sum etc. » (p 11) qui signifie en français « je suis un homme etc. » : l’affirmation de son appartenance au genre humain, sans distinctions d’aucune sorte, revendiquant dignité et égalité.
Citations :
– p 11 : « Je ne suis d’aucune nationalité prévue par les chancelleries
Je défie le craniomètre. Homo sum etc. »
– p 17 : « Iles annelées, unique carêne belle
Et je te caresse de mes mains d’océan. Et je te vire de mes paroles alizées. Et je te lèche de mes
langues d’algues.
Et je te cingle hors-filibuste » (sic)