
Christine Duhon/Orban, Une année amoureuse de Virginia Woolf
1990 Olivier Orban, 281 p, livre publié sous le nom de Christine Duhon en 1990, autrice mariée avec Olivier Orban depuis 1991.
Deux êtres s’aiment avec leurs doutes, leurs infidélités, leurs jalousies et leurs pardons : telle se passe cette année amoureuse de Virginia Woolf et de Vita Sackville-West.
Ce n’est pas tellement cette intimité que s’aventure à révéler Christine Duhon/Orban et quand bien même, mais ce qui m’a le plus interrogée c’est la naissance d’un roman. En effet, Orlando s’inspire la liaison de Virginia et de Vita à une époque où l’homosexualité féminine était taboue, entre deux personnalités que tout oppose : richesse, naissance, puritanisme de Virginia et liberté de Vita, exubérance de l’une, ascétisme de l’autre, etc., sous le regard de leur mari respectif.
En transformant sa maîtresse en héroïne de roman, comment l’écrivaine s’échappe-t-elle de son emprise, de quelle façon prend-elle le contrôle de leur histoire et métamorphose-t-elle la réalité en fiction?
Et en définitive, pourquoi Orlando/le livre a-t-il eu un tel impact ?
Une année amoureuse de Virginia Woolf est donc un récit de vie faisant partie des essais psycho-socio- et historiographies, biographie critiques, romancées par un autre écrivain ou personnalité littéraire. On peut se demander si ces « démarches hybrides tendent à contaminer les faits, “au nom de la vérité supérieure aux platitudes de l’histoire” ».
Afin de développer cet argument, je conseille de lire Une année amoureuse de Virginia Woolf, ou la Fiction biographique multipliée, un article écrit par Robert Dion (université du Québec à Montréal. Littérature Année 2002, 128, pp. 26-45), disponible en ligne sur https://www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_2002_num_128_4_1772
À présent que j’en ai lu la genèse, je vais poursuivre avec Orlando pour en décrypter le résultat.
Citations:
– Exergue : « Les faits, voilà tout ce qu’ils peuvent nous donner, et les faits sont une forme de fiction très inférieure ». Virginia Woolf.
– p 117 : « La grâce de Vita ne la ravissait plus que pour noircir des pages. Elle ne la flattait et ne l’encourageait que pour mieux la célébrer dans son cahier. »
– p 126 : « Vita entrait dans le livre pour s’y figer et Orlando en sortait pour vivre. »
– p 239 : « Elle est Dieu et elle souffre de cet amour impossible entre un créateur et sa créature. »
– p 250 : « Je suis ma pire ennemie tandis que tu es ta meilleure amie. C’est toute la différence entre nous. Tu te protèges quand je ne m’épargne pas. »