
Elisabeth Gille, Le crabe sur la banquette arrière
1996, Gallimard, 108 p.
Le crabe sur la banquette arrière parle d’une maladie grave que l’on appelle communément à présent : « le crabe ».
Pourquoi est-il sur la banquette arrière ? Parce qu’il accompagne la protagoniste, présent perpétuellement dans son rétroviseur central, dans l’attente que le voyage s’arrête à une étape ou à une autre.
Que ce soit face à l’ego surdimensionné des médecins et à leur guéguerre interpersonnelle, la désinvolture des infirmières et l’incompétence de l’administration, l’incommensurable égoïsme, hypocrisie, inconscience des proches, le récit prend le parti de l’humour, une sorte de courage devant la peine. Il me rappelle bien entendu Eugène Ionesco et sa Cantatrice chauve que j’ai commentée (ici, voir article dédié) dans les mêmes termes : théâtre, absurdité de la vie, vacuité des mots, comédie burlesque, ironie mordante, conventions, faux-semblants, dérision, non-sens, superficialité, clichés…lâcheté.
Le crabe sur la banquette arrière fait froid dans le dos.
À défaut d’en pleurer, la narratrice a choisi de faire rire de son sort. Sous l’œil patient et acéré d’Élisabeth Gille le spectacle s’articule entre des personnages qui n’ont pas de nom, n’étant décrits que par leurs interventions dans le cours de la vie de « la malade ».
Le drame s’adresse à tous et à toutes.
Citations :
– p 105 : « Peut-être dois-tu apprendre à faire le deuil de ta propre mort. »