
Peter Wohlleben, La vie secrète des arbres.
2017, LES ARÈNES, 300 pages, lu en numérique, MultiMondes, 223 p.
L’auteur est un forestier qui aime les arbres et les traite avec respect.
Dans La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben nous raconte leur(s) histoire(s) sur le ton d’une familiarité et d’une bienveillance bonhomme. Mais il ne faut pas s’y tromper : si ce texte se présente moins comme un document scientifique dogmatique, il n’en est pas moins érudit. Alors que le mode narratif du récit se rapproche de celui d’un conte fabuleux, les découvertes scientifiques étonnantes qui l’étayent sont avérées. Il reste bien des questions sur ce monde encore mystérieux, mais l’auteur nous les expose le plus honnêtement possible.
Nous prenons donc part, au fil des pages, avec une facilité parfois déconcertante à un exposé qui nous apprend déjà tant sur le “Wood Wide Web”. Cependant, une terminologie spécialisée réduite, mais présente avec quelques répétitions inhérentes aux relations interdépendantes décrites peut induire une certaine lenteur de lecture pour les non avertis. En revanche, la phraséologie et le vocabulaire enjoué et sympathique propres à l’auteur englobent tous les lecteurs et lectrices dans l’aventure que le forestier leur propose de rejoindre.
Et si on ne retient pas tout (quel élève (même bon) le peut ?), la curiosité a éveillé un intérêt qui ne peut retomber dans l’oubli à l’avenir. Du moins, espérons-le !
Nota bene : Ce livre a été ajouté à ma liste « titres d’ordre végétal » (à lire dans la rubrique « Jeux, liste et etc. ») ainsi qu’à mon « écrit en cours » (dans la rubrique « Projets »).
Citations :
– p 9 : « Ces couples sont liés si intimement par leurs racines qu’ils meurent parfois en même temps. »
– p 14 : « Ils fonctionnent sur le même principe qu’Internet, par fibre optique. […] Aujourd’hui, les scientifiques parlent même de « Wood-Wide-Web » pour évoquer l’activité de ce réseau forestier. »
– p 44 : « Pour autant que nous le sachions, ils n’ont pas de cerveau qui ferait office de mémoire de données et piloterait toutes les fonctions. Le constat vaut pour tous les végétaux, d’où le scepticisme de nombreux scientifiques et d’au moins autant de forestiers pour lesquels les capacités d’apprentissage de la flore relève du fantasme. C’est sans compter sans Monica Gagliano, dont nous connaissons déjà les travaux sur les sons émis par les végétaux. […] Outre une modification de comportement, elles [des études] ont mis en lumière un autre phénomène extraordinaire : en cas de soif intense, les arbres commencent à crier. […] ces cris sont des ultrasons non perceptibles par l’oreille humaine. »
– p 75 : « Il est possible qu’elle [la souche] soit le siège d’une sorte de cerveau de l’arbre. […] nous ignorons où ce quelque part se trouve, mais les racines seraient bien adaptées. […]Ce n’est rien de dire que le débat qui anime la communauté scientifique depuis des années est vif. »
– p 50 : « La diversité est une assurance de pérennité. »
– p 56 : « Les questions sans réponses se bousculent. Une explication plausible s’évanouit, mais sommes-nous vraiment perdants ? Ce nouveau mystère n’a-t-il pas quelque chose de stimulant ? »
– p 185 : « La migration des arbres induit une transformation continuelle non seulement de la forêt, mais de toute la nature. Cela explique que, dans de nombreux cas, l’homme échoue à conserver certains paysages. Ce que nous voyons n’est qu’un court épisode d’une apparente immobilité. »
– p 200 : « Nos dispositions sensorielles en sont aujourd’hui si éloignées que nous devons faire appel à toute notre imagination pour commencer à entrapercevoir ce qui se passe chez les arbres. »
– p 201-2 : « La couleur des organismes vivants et des objets est donc déterminée par la couleur de la lumière réfléchie. Et chez les arbres, il s’agit du vert. […]Mais la chlorophylle a un défaut. Elle présente ce que l’on appelle un « vide vert », c’est- à-dire qu’elle absorbe la majeur partie du spectre lumineux visible sauf la couleur verte qu’elle ne peut donc pas exploiter et doit renvoyer. […] En fin de compte, la couleur verte est un résidu de lumière. […] sans utilité pour la forêt. »
– p 203 : « L’homme est un « animal visuel » qui se laisse fortement influencer par ce que ses yeux perçoivent. »