
Jorge Asis, Les fleurs volées de Quilmes
Renaudot et Cie, 1988, 324 p
Les fleurs représentent la poésie. Elles sont volées car dans l’argentine de ces années-là, la beauté ne se donne pas, elle se vole. Et Quilmes est un nom plus joli que Berazategui ou Ramos Mejia (p 43).
Il y a beaucoup de cynisme et de désenchantement dans ce livre. Des choses vraies sont dites, en toute crudité et en toute franchise sur les espoirs déçus, un manque à vivre, un renoncement à changer.
Entre les kangourous et les kangourettes (“les cons”), les baratineurs, les plumitifs et les folles, l’autodérision est amère.
L’argentine des années 70 est tout sauf exotique et le militantisme ne fait plus rêver les jeunes. Samantha/Carmen et Rodolfo ne pourront pas se comprendre.
Citations:
– p 35 : “L’Histoire est félonne. Désormais les aventuriers c’est nous, nous qui ne descendons même pas des Indiens, nous qui aspirons à regagner le territoire des conquistadores”.
– p 50 : ” Vivre intensément, ça non. Des trucs à supprimer, des machins qui ne servent à rien, y en a que trop. En particulier, ce vocabulaire de merde, usé, de bourgeois qui veulent échapper à tout”.