
George Schinteie, Le désert de Quartz
Gabrielle Danoux (Traductrice) Cristina Sava (Préfacière), Recueil de poèmes bilingue (roumain/français), 2023.
Poème en prose ? Prose poétique ? Néo-modernisme d’un poète en tous cas, dont les mots contemporains nous touchent ou nous percutent.
La forme du poème libre, sans versification ni ponctuation comprend des rejets qui parfois surprennent. Les images ainsi que les thèmes restent assez classiques dans leur romantisme, mais leurs associations sont très particulières au style de cet auteur.
Le temps, l’amour, la perte, la nostalgie et les interrogations s’entremêlent au gré de l’inspiration qui se déroule comme une longue mélopée.
Ce sont les facettes d’un quartz que l’auteur a pris pour titre de son recueil, un minéral abondant dans les sables de tous les continents. Ses facettes brillent d’un côté, s’assombrissent de l’autre et il faut une lecture patiente et attentive pour dégager de la gangue l’émotion nichée en son cœur.
De jolis dessins émaillent de temps à autre le florilège, illustrant l’esthétisme de George Schinteie.
Faire la critique d’un texte ou poème issu d’une traduction est malaisé. Qui critique-t-on ? L’auteur/l’autrice ou le traducteur/la traductrice ? Il faut tant de modestie et de patience afin d’être fidèle à l’écrit de celui ou celle qui a tenté de déchiffrer ses propres pensées.
C’est pourquoi j’en remercie Gabrielle Danoux qui m’a, par ailleurs, adressé gracieusement cette édition bilingue dont j’ai lu la version française avec une curiosité bienveillante.
Voici la présentation de Gabrielle Danoux sur Babelio:
Avec générosité, BABELIO permet de mettre en avant et même de faire connaître tout simplement, des livres en français (ou pas) parus dans d’autres pays. C’est une aubaine pour moi et je ne saurais jamais assez remercier le site pour cela.
Tout frais sorti de chez l’imprimeur, ce recueil bilingue (roumain/ français) de poèmes qui me tient beaucoup à coeur. Sa traduction a été relativement rapide, mais aussi source de plaisir littéraire pour moi, comme je l’explique dans une note finale intitulée : « Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l’éternité » ou la découverte du désir de traduire George Schinteie.
J’ai connu le poète, il y a environ trois ans, et un projet de traduction, avec parution en Roumanie a germé lentement mais sûrement. Une belle équipe a contribué à la réalisation d’un livre-objet unique, dont je suis très fière.
Quelques mots sur la poésie de George Schinteie : c’est sans ponctuation (attention, on parvient facilement à reprendre son souffle), mais avec beaucoup de sensibilité et de talent. Les thèmes sont classiques pourrait-on dire (l’amour, la nature, l’écoulement du temps, le cycle des saisons), mais leur traitement me semble très original, avec toujours cette ode à la force de la parole écrite.
Comme le fait remarquer Marian Odangiu dans sa postface : « Dans une certaine mesure, les livres de George Schinteie sont de véritables (auto)biographies lyriques qui suivent les méandres d’une existence tumultueuse, vécue toujours et encore dans les sphères de l’esthétique, de la musique et de la poésie. C’est un parcours répété sans cesse de son devenir en tant que poète, de sa redécouverte des splendeurs des mots […] »
Et Cristina SAVA de conclure sa riche préface en ces termes :
« George Schinteie, poète de « marque » neo-moderniste, manifeste dans un ars poetica, sa prédilection pour une phénoménologie de mot à part (« coulent des calendriers entiers sur l’eau de la neige/fondue par le soleil/comme des barques imaginaires flottant seules/au gré du vent […] une sorte de saison où toujours je te cherche/piétinant sans pitié les crocus/toi cachée étant/comme un trèfle à quatre feuilles/tu renvoies vers moi l’écho du silence […] quelqu’un enfonce dans chaque désir/un papillon/me faisant retourner à ma place dans le sablier/tandis que les fils de sable passent invisibles […] en tâtonnant je continue à compter/les traces des pas tremblés […]/alors que des souvenirs découpés dans/les calendriers me montrent/de quel côté arrive l’apocalypse », de quel côté arrive l’apocalypse).
Avec des nuances techniques romantiques, dans un décor bucolique, dans un « autrement » du « sablier », la pensée interrogative est le subterfuge de la rhétorique d’un découpage de puzzle livresque, architectural. Un travail d’un commun accord entre le créateur et la création, sous le signe d’Éros, dans un vécu subjectif, cette fois-ci rapporté dans un discours qui détermine des sentiments, des états d’âmes, définis par le poète ou bien et se définissant eux-mêmes, travail qui met en exergue le particulier élevé au rang d’universel. Substantialité et rationalité, une perception d’un genre supérieur, voilà ce que signifie le Désert de quartz (poèmes au gré du vent), non pas apocalyptique (quand même), mais lié au temps ! ».
Voici le texte à télécharger, offert gracieusement par G. Danoux et l’auteur. (Interior.indd).