Jehan de Meung à Meung sur Loire
On connaît tous, plus ou moins, Le roman de la rose, célèbre poème du moyen-âge dont notre conception de l’amour est imprégnée.
«Le Roman de la Rose est l’un des monuments les plus remarquables de notre ancienne poésie.
Par son succès et sa célébrité, ayant jadis influé sur l’art d’écrire et sur les mœurs, il fut longtemps l’objet d’une admiration outrée et d’une critique sévère, et toutefois mérita une juste part des éloges et des reproches qui lui furent prodigués.» M. Renouard, le Journal des Savants, 1816.
L’Histoire ne nous apprend presque rien sur la vie des deux auteurs du Roman de la Rose. Ce que l’on sait c’est que Guillaume de Lorris naquit à Lorris, petite ville du Gâtinais, entre Orléans et Montargis, et Jehan de Meung est issu d’une ancienne et illustre maison de l’Orléanais, descendant des anciens seigneurs de la petite ville, dont il porte le nom.
Je suis donc allée visiter cette petite ville – qui ne revendique pas spécialement le parrainage de l’auteur, ainsi que son château dit “aux deux visages”, demeure des évêques.
Le Roman de la rose parut dans la deuxième moitié du XIIIe.
J’avais vingt ans; c’est à cet âge 23
Qu’Amour prend son droit de péage
Sur les jeunes cœurs. Sur mon lit
Étendu j’étais une nuit,
Et dormais d’un sommeil paisible.
Lors je vis un songe indicible,
En mon sommeil, qui moult me plut;
Mais nulle chose n’apparut
Qui ne m’advint tout dans la suite,
Comme en ce songe fut prédite.
Or veux ce songe rimailler
Pour vos cœurs plus faire égayer;
Amour m’en prie et me commande;
Et si nul ou nulle demande
Sous quel nom je veux annoncer
Ce Roman qui va commencer:
Ci est le roman de Rose
Où l’art d’Amour est toute enclose.
Ainsi donc, et en traduction moderne, le titre et la définition sont donnés.
L’auteur continue :
La matière de ce Roman
Est bonne et neuve assurément[3];
Mon Dieu! que d’un bon œil le voie
Et que le reçoive avec joie
Celle pour qui je l’entrepris;
C’est celle qui tant a de prix
Et tant est digne d’être aimée,
Qu’elle doit Rose être nommée.
Voici à présent la destinataire et l’inspiratrice définies. Puis, l’histoire débute :
Il est bien de cela cinq ans;
C’était en mai, amoureux temps
Où tout sur la terre s’égaie;
Car on ne voit buisson ni haie
Qui ne se veuille en mai fleurir
Et de jeune feuille couvrir.
Les bois secs tant que l’hiver dure
En mai recouvrent leur verdure;
Je vous invite à (re)lire ce roman, bien que la langue et l’ampleur du texte puissent rebuter de nos jours. Néanmoins, la hardiesse des idées et l’énergie du style révolutionnèrent la littérature nationale de l’époque, et a marqué la nôtre à jamais.
Quant au village et au château, la balade est agréable mais pas aussi littéraire que prévue ( à part le fait qu’elle m’ait donné envie de relire Le Roman de la rose).
Voir aussi mon article sur le roman, publié le 30/01/2020, en cliquant ici.