Yachar Kemal, L’Herbe qui ne meurt pas
1978, Folio, 573 p, titre original : Ölmez otu.
Le roman prend place dans la plaine de la Tchoukourova, où les habitants d’un petit village situé au flanc de la chaîne du Taurus, descendent chaque année pour récolter le coton.
Les personnages principaux sont Mémidik qui n’a de cesse de vouloir tuer le maire Sefer mais qui en tue un autre, Chevket Bey. Pris de la peur d’être découvert, il déplace inlassablement le cadavre.
Muhtar Séfer qui a humilié Mémidik en le faisant battre férocement par deux de ses hommes de main.
ALi le Longuet que tous accuse d’avoir tué sa mère. En fait, il l’a laissée au village sachant qu’elle a peu de chance de survivre seule.
L’oncle Tête de Pierre qui devient un saint. Il y a aussi Halil l’ancien, le Sans Chemise, etc.
Quant aux personnages féminins, il y a Méryemdjé, la mère d’Ali et Élif, la femme d’Ali. La Zaladja et la femme à Békir le fou, ces deux dernières étant femmes à aimer la chair et les hommes…
Les drames se nouent : vengeance, trahison, lâcheté, exacerbées par la sècheresse.
Les personnages les plus rudimentaires prennent des allures de paraboles inflexibles.
L’univers est impitoyable, la misère oppressante et l’avenir accablant.
Le ton est rugueux, le rythme répétitif, la litanie psalmodique, comme pour en appeler à une puissance supérieure pour mettre fin à leur pauvreté.
Et l’herbe meurt. Pourtant elle ne meurt pas. L’herbe est une infime partie du monde végétal qui résiste. Même sporadiquement, même anecdotiquement, elle est là.
Citations :
– p 45 : ” Un malheur, c’est quasiment une fête, quand on le subit tous ensemble.”
– p 174 : « L’âcre odeur de pourriture du coton se mêlait à l’odeur de cendre qui montait de la terre calcinée et crevassée. »